Ce fut un choc !
J’ai été envouté, j’ai reçu la foudre, le coup de foudre !
Voila les mots que j’ai prononcé il y a plus de trente ans en découvrant les Corbières, près de Narbonne.
Le soleil écrasant de ce mois d’aout 1978 m’avait tout d’abord fait penser à un mirage ;
Je voyais bouger ces roches grises parsemées de chênes Kermès , la vision fut lointaine, je savais déjà qu’il faudrait que je mérite cette rencontre.
Il m’est venu alors l’idée d’une petite nouvelle dont voici un extrait
« Arrête de courir Jehanne ! il fait trop chaud » il est vrai qu’en l’an de grâce 1209 en juillet il fait une chaleur torride et les pierres brulantes du coteau menant au village de Motomet transpercent les minces semelles de cuir des sandales des enfants !
« Quel benêt tu fais guillaume, viens nous irons nous plonger dans la fontaine sur la place du village après »
Bravant la chaleur de midi, guillaume repris sa dure ascension vers Jehanne.
S’arrêtant de temps en temps pour se reposer et admirer cet endroit où le vert des chênes kermès se disputait le gris des pierres ; les moutons bêlant sans arrêt le faisaient rire !
Et puis cette sensation de liberté, le rendait du haut de ses quinze ans encore plus fort.
Il reprit sa course vers Jehanne qui l’attendait en faisant mine de s’impatienter.
Jehanne était aussi blonde que Guillaume était brun a à peine quinze ans elle avait déjà l’assurance d’une femme, ce qui n’était pas démenti par sa beauté resplendissante et son corps délié qui rendaient sa démarche souple, tellement souple que parfois l’on se demandait si ses pieds touchaient terre !
Guillaume s’approcha d’elle à la toucher et au moment où il croyait la prendre dans ses bras, elle était déjà loin !
Ce jeu l’amusait autant qu’il agaçait, il aimait sincèrement Jehanne et elle lui rendait bien mais il n’avait pas encore pût lui dire !
Arrivé tout près du chemin menant vers Nitable roc, près de la Bergerie du Père Maistre, il réussit à s’approcher de cette jolie fille et il lui pris les mains, tremblant comme une feuille il allait pouvoir enfin lui dire tout son amour. Avant qu’il n’a pu parler, elle l’entraina dans la bergerie ; le contraste entre la chaleur et la douceur du lieu était saisissant, il frissonna ; la bergerie était une construction de grosses pierres qui servait aussi de refuge aux bergers et aux chasseurs.
Guillaume se sentit emporté par le désir, il embrassa Jehanne en un long baiser passionné qui, a son grand étonnement, lui fut rendu aussitôt, par une Jehanne tout aussi amoureuse.
La main inexpérimentée de Guillaume caressa le corps de Jehanne qu’il sentait sous l’étoffe grossière.
Elle lui prit la main en lui disant « Guillaume si tu veux me caresser, mets ta main sous le tissu, si tu la laisses au dessus, tu ne sentiras que le drap rugueux pas la douceur de ma peau !»
Guillaume resta interloqué mais s’exécuta avec fébrilité et là, il découvrit la douceur extrême de la féminité, ses mains dessinaient le contour des hanches de Jehanne, exploraient un corps parfait, tendu, comme en attente d’être modelé, en remontant vers la poitrine ferme et ronde, elles s’arrêtèrent sur les tétons fermes qu’il titilla.
Guillaume sentant ses jambes s’abandonner sous lui, entraina doucement sa compagne sur la paille neuve mise la en préparation de l’hivernage.
Guillaume reprit son exploration surpris en même temps que Jehanne en fit de même, elle le caressait avec une infinie douceur en l’embrassant tendrement sur les joues, les yeux, les lèvres ; allant même jusqu'à suçoter la langue de Guillaume, ce qui eut pour effet d’augmenter son désir.
La main du jeune homme descendit vers le ventre tendre et plat de Jehanne « mon dieu que cela est doux, on dirait de la soie se dit il »
Son périple sur ce corps somptueux allait se poursuivre plus bas quand tout a coup dans l’embrasure de la porte, il vit Robert qui avait le visage des mauvais jours.
« Allez Guillaume, cesse tes enfantillages, viens avec moi on a besoin de toi ! et tout de suite dit il d’un ton qui ne supportait pas la réplique » et Robert reparti aussitôt.
Dans le même laps de temps Jehanne s’était prestement éloigné de Guillaume
Avec dans le regard une lueur apeurée, prémonitoire, cette lueur éternelle de celles qui savent que la mort et la désolation allaient bientôt ravager leur vie.
Guillaume totalement sonné, ayant encore au bout des doigts la sensualité du grain de la peau de son amie, regardait Jehanne et puis la porte et puis Jehanne et puis la porte ne semblant pas comprendre.
« Mon Guillaume va vite rejoindre Robert, n’aies pas peur je t’aime, vas ne t’occupes pas de moi ! »
Il dévala la petite pente de la colline où était située la Bergerie et se rendit vers la masure de Robert
« Entre mon garçon dit Robert, nous avons besoin de ta connaissance de la région pour emmener une personne à Termes sans emprunter les chemins habituels, il ne doit être vu par personne m’entends tu ? Il doit absolument rencontrer notre seigneur Raimon ; as-tu compris Guillaume !»
« Oui j’ai compris, mais pourquoi dois je l’emmener par les sentiers de chèvres ? »
« Moins tu en sauras mieux cela vaudra pour toi mon garçon reprit Robert »
Guillaume regarda l’homme qu’il devait emmener vers Termes , le visage était fatigué, épuisé même, comme quelqu’un qui avait fait très vite un chemin dur et long.
Ce qui surpris Guillaume c’était ce regard qu’on eut dit habité par des lueurs comme celles d’un incendie, ce regard était tellement brulant qu’il en devenait insoutenable.
Guillaume prit la parole, sa voix était ferme et assurée, «Il y a une grande partie du voyage qui doit se faire en plaine, nous le ferons de nuit pour ne pas être repéré par d’éventuelles vigies dit il»
« Ensuite nous passerons par Nitable roc et le reste du voyage se fera à l’abri de la forêt de Termes et nous arriverons au château du seigneur Raimon »
Guillaume observait à la dérobée cet étrange paroissien qui tranchait vraiment avec le reste de la population locale.
« Si nous nous hâtons nous pouvons y être en 6 heures »
« Mon Guillaume reprit Robert je prépare la besace avec les vivres et tu pourras partir »
« Rendez vous ici à 7 heures ce soir et nous partirons vers 11 heures juste à la tombée de la nuit affirma Guillaume fier de sa position de guide ; enfin le village me fait confiance pensa t il »
Guillaume repartit en courant vers la bergerie mais celle-ci était vide, il dévala la petite colline qui menait au mas de Jehanne, seule sa mère était présente. Il repartit a la même vitesse vers la fontaine ; Jehanne était la, elle l’attendait ; Guillaume rouge écarlate, essoufflé, reprenant avec grand peine sa respiration lui dit « tu es la ma douce, je voulais te dire avant de partir, je voulais te dire reprit il, je t’aime aussi, »
Il n’eut pas le temps de continuer qu’un baiser lui cloua le bec !
« Je dois partir préparer mes affaires pour trois jours attends moi, je t’aime »
Les larmes coulaient doucement sur les joues de la jeune fille, Guillaume en un geste de communion : les lécha.
Sept heures sonnaient au clocher de la petite chapelle et Guillaume était prêt, il entra dans la pièce commune de la masure de Robert, l’étrange personne était la également, silencieux.
« Guillaume lui dit Robert voici des vivres pour deux jours de marche, elles ne sont que pour toi, nôtre ami a les siennes »
Le jeune homme ne compris rien à cette façon de faire pour les vivres mais pris la besace contenant les siennes il s’écria « inutile de remplir les gourdes, je connais les sources fraiches qui sont sur notre chemin et de plus nous serons plus légers. »
Le soleil se couchait derrière Nitable roc ses derniers rayons semblèrent allumer un incendie en observant ce spectacle féérique l’homme qu’accompagnait Guillaume fut pris de tremblements incontrôlables
« Qu’avez-vous, êtes vous fiévreux ? s’enquérit il »
L’homme le regarda comme s’il venait de s’apercevoir de sa présence
« Non, non, hâtons nous de partir ! »
La nuit tombait et avec elle les bruits devenaient comme palpables ; les insectes, les grenouilles, tout ce qui vivait profitait de ce moment de répit ; enfin le soleil était couché ! La chaleur était moins piquante.
Les deux hommes partirent d’un bon pas. La première partie du chemin se fit rapidement le terrain était plat, il y avait peu de végétation ; les deux marcheurs arrivèrent au pied du mont surplombé par le sommet de Nitable roc.
« Faisons une halte et restaurons nous, nous allons avoir une difficile ascension, il faudra prendre les sentiers des chèvres et rester en permanence à couvert, il faut manger car nous aurons besoin de force ; un fois arrivé au sommet nous dormirons deux heures et ensuite nous descendrons vers le château de Termes »
Guillaume pris sa besace de vivres et entreprit de manger son jambon et un morceau de saucisse froide ; il observa son compagnon de voyage, celui-ci sortit de sa besace une galette très fine qu’il cassa en deux , il en mangea une partie et remis l’autre dans son sac.
« oh l’ami il faut manger de la viande si tu veux avoir du muscle pour entreprendre la montée ! dit Guillaume à moitié rigolard »