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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 01:04

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Extrait de mon manuscrit en hommage à mon père Jean-Pierre SURJUS passionné d'histoire et de découvertes, grâce à ses recherches minutieuses et sa documentation ce livre a pu être écrit.

 


La grande rivière des Amazones, qui de part et d’autre de l’équateur coupe en deux l’immense et luxuriante forêt pluviale de l’Amérique du Sud, s’est largement prêtée aux exagérations les plus fabuleuses.

Depuis le jour mémorable de l’an de grâce 1541 où l’intrépide conquérant espagnol Francisco de Orellana a entrepris de se laisser emporter par le flot impétueux de cette inquiétante voie d’eau, que malgré les affres d’une humiliante colonisation et l’irréparable outrage du temps, une poignée d’indiens libres du Brésil persistent d’appeler aujourd’hui encore et avec une farouche ténacité, Paranàtinga, ou Paranàguaçu.
Dans une noble et suprême tentative de perpétuer le souvenir de leurs fiers ancêtres, une superbe mais déjà bien vague image, qui dans la mémoire de ces derniers vaillants indigènes traqués jusque dans leurs ultimes retranchements ne cesse inexorablement de s’estomper pour bientôt, hélas, s’effacer à jamais.

Mais bien que ce glorieux exploit ne fût indubitablement jamais réalisé auparavant par aucun ressortissant du Vieux Monde.
Ce n’était pourtant pas la première fois que l’énorme et puissant fleuve du Nouveau Monde ; _ l’Amaru-Mayra ou Grand Serpent ; Mère des Hommes des Incas, qui désignaient de la sorte l’étonnante profusion des eaux bouillonnantes que l’aromatique forêt des arbres à cannelle au parfum grisant avale au pied des hautes montagnes de leur empire _ ; offrait aux peuples du rivage oriental de la mer Océane, matière à discussion à son sujet.

En l’an 1500 déjà, les valeureux navigateurs espagnols, Vicente Pinzòn et Diego de Lepe, (1) qui conduisaient séparément leurs navires à la découverte de la côte orientale de l’Amérique méridionale, avaient tour à tour, contemplé à loisir leur fascinante découverte : les maintes et incommensurables splendeurs fantasmagoriques du monde ô combien singulier alors de l’actuel Brésil septentrional à travers les deux larges entrées du vaste amphithéâtre amazonien.

Le chevronné capitaine Pinzòn (2) était loin de se douter au prime abord que l’ample et énigmatique mer d’eau douce parsemée ça et là d’une multitude d’îles et d’îlots qu’il affrontait avec hardiesse, était le cours principal d’un fleuve.

Il navigua d’ailleurs, longtemps intrigué sur les flots de ce prodigieux bras de mer dont il estima qu’il avait une bonne soixantaine de kilomètres de largeur et où sa caravelle se trouva brusquement à deux doigts de faire naufrage tant les vagues déferlantes d’un violent mascaret la secouaient furieusement au beau milieu de ce qu’il avait tout de même fini de penser que ce devait être un fleuve.

Et tandis qu’il le baptise tout bonnement « Santa Maria de la Mar Dulce », Sainte Marie de la Mer d’eau Douce, Lepe, de son côté explore minutieusement l’embouchure occidentale, celle du Rio Parà (3), plus précisément et lui préfère : « Rio de Marañas » Le Fleuve des Confusions (4), comme persisteront à le qualifier longtemps après tous ceux qui par aventure, échapperont à ses très nombreux traquenards.



Mais qu’est ce donc qui à l’aube du XVIème siècle poussait irrésistiblement ces courageux marins de la péninsule Ibérique vers ces parages inconnus des Européens, jusqu’alors ?

Tout à commencé le 29 mai 1453 au matin lorsqu’au terme d’une résistance héroïque menée par le dernier empereur Byzantin, Constantin XI, qui devait succomber au cours d’une bataille acharnée, Constantinople, plaque tournante du commerce entre l’Orient et l’Occident, tomba aux mains du Sultan des Ottomans, Mehmed II.

Dès lors, la route des épices était coupée net. Mais ces aromates qui à la fin du Moyen âge avaient fasciné l’Europe, qui l’avaient séduite avec leurs parfums servant à enrichir certains vins ou certains aliments et avec le mystère de leur provenance lointaine, ces produits de prix qui éveillaient le plaisir et l’imagination n’étaient malheureusement pas tout.
Il y avait encore autre chose : les chatoyantes étoffes de soie, les riches colorants très prisés pour les tissus, le merveilleux sucre qui remplaçait peu à peu le miel, les précieux objets sculptés dans l’ivoire, et par-dessus tout l’or.

C’est que le développement du commerce, le financement des guerres, l’armement des bateaux augmentait chaque fois plus le besoin d’or au point qu’au début du XVème siècle, la demande était devenue très supérieure à l’offre.
En Europe, on s’était remis à exploiter les anciennes mines abandonnées, on ratissait le sable du lit des rivières.

Mais les apports les plus importants provenaient des ports méditerranéens de l’Afrique, du Maroc à l’Egypte, où le précieux métal parvenait transporté par des caravanes soudanaises ou arabes.

Le Génois Antonio Malfante avait traversé le Sahara, s’était avancé jusqu’au bassin du Niger pour arriver aux bords du Sénégal. Benedetto Drei, pour sa part avait découvert la légendaire Tombouctou.

La plupart de ces aventuriers, soutenus par des groupes de financiers, se perdaient dans les sables du désert, pour ne jamais en revenir et les secrets de l’or étaient ensevelis avec eux.

Si les anciens avaient lié l’image de l’or aux régions inconnues et impénétrables alors de le l’Abyssinie, et du Soudan, voilà que depuis l’apparition des récits de Marco Polo (dans son Livre des Merveilles qui est une œuvre purement littéraire Marco Polo n’a laissé aucune trace de ses connaissances des terres orientales sous forme graphique) qui décrivait les palais aux toits d’or massif du fabuleux Cathay , toutes les routes de la prospérité se dirigeaient vers l’Orient, uniquement vers l’Orient.

C’est pourquoi à l’annonce de la chute de Constantinople, le monde des géographes et des explorateurs et à son tour celui des capitaux et des marchands, était en émoi car une infranchissable barrière terrestre ennemie, s’interposait à présent à toute avance de l’Occident en direction de l’or et des épices d’un Orient devenu Hostile et impénétrable aux Chrétiens.

Après Péra, le quartier de Constantinople que les Génois administraient, l’Ile de Chio, puis Caffa et Tripoli en Syrie furent perdues à leur tour.

A l’inverse de Venise qui était une puissance maritime et qui grâce à sa flotte armée réussit face aux Turcs à conserver une grande partie de ses conquêtes dans l’Adriatique et la mer Egée, Gênes qui n’était qu’une citée de marchands fut totalement coupée de ses ressources.

Aussi pour ne pas que ses richesses ne se volatilisent, elle choisit de placer les capitaux accumulés au Portugal, à Lisbonne, sur les rives de l’Atlantique d’où partaient les premiers convois qui longeaient les côtes de l’Afrique, à la recherche de l’or des Indes, la voie des sages qui cherchaient vers le sud à doubler le Cap, et en Espagne (5) qui se libérait des Maures et qui offrait d’alléchantes promesses pour les échanges et le commerce.

C’est alors que Christophe Colomb, convaincu de la rotondité (6) de la terre, élabore le projet de voyager vers Cathay et Tipango _ la Chine et le Japon respectivement _, en navigant sur les eaux de la mer Océane et en se dirigeant toujours vers l’Ouest.(7)

La voie d’un fou en apparence, d’un fou qui réussira tout de même à faire accepter sa solution à Isabelle, la Catholique.

(...)

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